jeudi 21 juin 2012

Trois courts métrages primés par la Cinéfondation : Los Anfitriones de Miguel Ange Moulet, Abigail de Matthew James Reilly, et Doroga Na de Taisia Igumentseva



LOS ANFITRIONES (Les Hôtes)
de Miguel Ange Moulet
Cuba/2011/16'

ABIGAIL
de Matthew James Reilly
Etats-Unis/2011/17'

DOROGA NA (En chemin)
de Taisia Igumentseva
Russie/2011/32'


 

Le premier est esthétiquement très cohérent, avec des choix forts et remarquables. Il raconte une journée dans la vie de Félix, qui s'occupe de cochons et porte une casquette sur laquelle est imprimée une arête de poisson. Sa femme est partie en ville pour faire des analyses médicales. Il se blesse à la main, elle revient, et les résultats ne sont pas bons. Une tendresse entre eux éclate, inespérée, très belle, sur laquelle le cinéaste pourrait rebondir, mais non : il choisit d'interrompre son film avec cette scène. Pourtant, il me semble que ce n'est qu'un début.

 

 

Le second est plus flou, même s'il s'ouvre sur une séquence magnifique, un travelling suivant Abigail, l'héroïne mal embouchée, caissière dans une station-service, tentant de fumer une cigarette près de la route mais n'y parvenant pas, parce que le téléphone sonne, parce qu'une voiture arrive, parce que c'est la fin de la journée. Cette séquence est très réussie parce qu'elle assume complètement sa dimension burlesque. La suite convainc moins, tentant de suivre les pas de Kelly Reichardt dans Wendy et Lucy, mais n'y parvenant pas tout à fait. Le réalisateur est bien trop occupé à montrer ce qu'il sait faire et à laisser entendre qu'il pourrait faire encore mieux si on lui en donnait les moyens. La tentative est plutôt jolie pourtant : cette fille qui veut partir de chez elle ne cesse d'être confrontée aux problèmes que sa mère alcoolique lui laisse régler, et qui se matérialisent par une dette dans un drugstore, une barrière arrachée, un trou dans un jardin.



 

 

Le troisième est vraiment plus exaltant. Il commence mal, par un panorama vu et revu sur une petite ville russe enneigée où les barres d'immeubles font bloc, puis déraille : à la fin du panorama, une voix surgit, criant "allez tous vous faire foutre" dans la nuit.
C'est une histoire d'amour. Une femme s'éprend de son collègue dans le magasin d'objets idiots où ils travaillent (et les objets donnent lieu à des petites scènes porno-burlesques assez délirantes). Et malgré tous les trésors de séduction qu'elle déploie, le garçon reste insensible. Ce qui lui plaît, à lui, c'est de s'habiller chic et de sortir dans la nuit pour hurler des insanités face aux barres d'immeubles. Le comédien est excellent, il semble inventer les insultes au fur et à mesure qu'il les profère, et partage son jeu entre la crainte et la joie que cela lui inspire. Il finit par entraîner la fille dans son délire. Ensemble, ils inventent une manière de hurler dans la nuit.
Le film est vraiment bien construit, à la fois très narratif et très attentif à ce qui se passe : les scènes sont longues, dévient, comme dans les meilleures comédies produites par Apatow.

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