jeudi 20 janvier 2011

Fantastic Mr Fox - Wes Anderson

Chaque film de Wes Anderson est l’affirmation sans cesse renouvelée d’une liberté toujours fragile. Mr Fox est un voleur de poulets patenté qui promet à sa femme, attendant un enfant, de mettre un terme à ses larcins. Et douze années passent, que nous ne voyons pas (parce qu’elles sont le lot commun, parce que Wes Anderson ne cherche que l’extraordinaire), avant que Mr Fox ne remette en péril l’harmonie domestique de sa famille. Harmonie qui importe peu, à vrai dire, en regard de la jouissance du criminel. Car la famille n'existe (n'est créative) que si elle naît d'un crime - ou du moins d'un mauvais coup.

Ce n’est pas la première fois qu’un voleur apparaît dans les films de Wes Anderson. Il y eut Bottle Rocket, qui ne raconte que ça : comment monter le casse du siècle, et comment toujours échouer. Il y eut le père de La famille Tenenbaum, sur la paille après avoir fraudé. Il y eut aussi l’équipage de Steve Zissou, dérobant les machines d’exploration sous-marine d’un concurrent. Et si le héros de Rushmore ne vole pas, c’est qu’il reçoit de Bill Murray tout l’argent qu’il désire pour accomplir ses rêves les plus démesurés. Fantastic Mr Fox est produit par la Twentieth Century Fox. On peut voir dans cette coïncidence un hommage décalé, une façon de répondre, sous la forme d’une élégie, à cette question si mystérieuse : d’où vient l’argent ?

Tout se passe comme si Wes Anderson, après cinq films, était toujours aussi étonné d’obtenir d’un producteur plusieurs millions de dollars pour mettre en scène ses fantaisies d’enfant bien éduqué. Bien éduqué, ça se sent dans le style, la patine des dialogues, leur rythme toujours frénétique même lorsqu’ils sont murmurés - civilisé mais sauvage : un renard en costume trois pièces. « We are wild animals », ne cesse de répéter Mr Fox aux personnes qui l’entourent, pour leur assurer que malgré le danger c’est bien là, c’est bien sur cette voie qu’il fallait s’engager. Et le loup, duquel il avait peur, lève le poing avec lui tandis que le soleil se couche. La révolution vient de l’intérieur du poulailler. On finit par danser dans les supermarchés. On a fait un bon film avec l'argent de la Fox. Et c'est ce qu'il y a de mieux à faire, avec cet argent-là.




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