mercredi 5 janvier 2011

Buffalo'66 - Vincent Gallo

Buffalo’66 s’inscrit dans la lignée des comédies de l’âge d’or de Hollywood, où le faux-semblant finit par faire éclater une vérité (en général, d’ordre sentimental).

Tout commence par un énorme mensonge. Vincent Gallo sort de prison, emprunte 25 cents à une jeune fille qu’il croise dans un couloir, téléphone à ses parents et leur annonce qu’il vient leur rendre visite ce soir, qu’il est en ville avec sa petite amie, qu’ils dorment à l’hôtel. Les parents veulent voir cette petite amie. Vincent Gallo raccroche et kidnappe la jeune fille qui lui a prêté 25 cents – Christina Ricci. Ainsi naît le boy meets girl de Buffalo’66.
Christina Ricci acceptera de faire comme si elle était la femme de Vincent Gallo. Ce ‘comme si’ est bien celui des grandes comédies, où le jeu révèle une réalité, où le faux laisse apparaître le vrai.
Buffalo’66 est d’ailleurs un film qui ne cesse de détourner son propos. Les quinze premières minutes montrent Vincent Gallo avec une pressante envie de pisser, jamais satisfaite, toujours retardée. Cette envie de pisser est la manifestation d’une urgence dont l’objet nous échappe. Au spectateur de découvrir cette autre chose qui fait courir le personnage.

Au début du film, on voit Vincent Gallo sortir de prison. Il s’assied sur un banc, se recoiffe, et l’image se trouve soudain envahie d’une dizaine d’autres petits cadres formant une mosaïque de portraits de lui et de lieux auxquels on peut l’associer, en couleur et en noir et blanc. Ce n’est pas seulement une coquetterie de cinéaste débutant, c’est aussi une manière de montrer, en très peu de temps, la fragmentation d’un être dont les morceaux peinent à coïncider, déformés par des années de mensonges et de secrets. On retrouvera plus loin ces images incrustées, lors du dîner chez les parents. Elles prendront leur essor depuis le centre du plan, où se trouve un des quatre personnages, avant de grossir comme une bulle et gagner toute la surface. Le son du dîner lui-même sera peu à peu remplacé par celui du souvenir, traumatique, enflant – comme une bulle, comme un bouton d’acné.

2 commentaires:

marie a dit…

faudrait que je revois ce film dont le souvenir le plus vif est une paire de chaussures brillantes qui me fait encore rêver et puis une scène dans un bowling qui etait pas mal...mais il y a quelque chose qui m'échappe, es-ce qu'il a une raison particulière d'évoquer ce film aujourd'hui?

asketoner a dit…

pas vraiment de raison, non
d'autant que ce n'est pas le meilleur film de vincent gallo
son brown bunny est bien plus fulgurant
buffalo 66 est plus corseté, plus timide
mais promises in the water ne devrait pas tarder à sortir, et comme vincent gallo est un cinéaste qui m'intéresse (parce qu'il fait ce qu'il veut, au rythme qu'il veut), je voulais revoir son premier film