mercredi 14 avril 2010

deux films tournés illégalement

Comme j'étais à Angers et que je n'avais rien à faire, j'en ai profité pour voir deux films. Tournés illégalement dans leur pays respectif, ils m'avaient attiré. Il m'en faut peu pour me faire avoir.

Le premier, c'est Nuits d'ivresse printanière, de Lou Ye. On y voit des mecs qui baisent sur une musique du genre "Groupama, on vous construit un monde meilleur".
Le film se contente d'être une histoire d'amour moderne, c'est-à-dire une histoire de télécommunication. Le téléphone sonne, il répond ; le téléphone sonne, il ne répond pas mais il rappelle dans le plan suivant ; il reçoit un texto, il ne peut pas le consulter parce que sa femme est là ; sa femme reçoit un texto, il le consulte parce qu'elle est en train de repasser, mais elle s'en aperçoit alors ils s'engueulent... C'est d'un ennui absolu. C'est un peu triste aussi, et on s'accroche à cette tristesse d'ensemble, qu'on pourrait dire mélancolique, si elle n'était pas si inerte, si désespérément cadenassée dans ses signes de modernité. Filmer une histoire d'amour d'aujourd'hui, ça semble vouloir nécessairement dire filmer des gens en train de s'envoyer des sms. Cinématographiquement parlant, c'est un peu plat, pas très bouleversant.

C'est dommage, la toute première scène était plutôt bonne : deux mecs sortaient d'une voiture pour pisser et finissaient par avoir très envie de coucher ensemble, c'était plutôt une jolie scène d'introduction, on avait l'impression d'un truc libre. Mais non.

Je sors tout de même de Nuits d'ivresse printanière avec une question : y a-t-il un seul Chinois qui non seulement n'envoie pas de sms, mais qui plus est ne chante pas au karaoké ?
Et aussi : existe-t-il de la bonne musique en Chine, et si oui, où se cache-t-elle ?

Ensuite, c'était Téhéran, de Nader Homayoun, vendu comme un polar tourné dans la plus parfaite illégalité. Je pensais que ce serait l'occasion de voir la ville. Et non. Le scénario ultra-fataliste fait office de mise en scène. Le cinéaste ne traite pas du tout le fait que son tournage ait été 'sauvage'. Il fait un polar à la papa, avec des gens en arrière-plan qui pointent la caméra pour dire à leurs potes "t'as vu ? t'as vu ? on est filmé !" Reste une petite bande d'acteurs plutôt marrants. Mais pour ce qui est d'une ambiance, d'un sentiment sur la ville, on repassera. Nuits d'ivresse printanière est en ce sens beaucoup plus réussi. On se fait une belle idée de la Chine. Je l'ai d'ailleurs rayée de la carte des pays que j'aimerais connaître.

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