jeudi 1 avril 2010

Voix-in

As I was moving ahead occasionaly I saw brief glimpses of beauty, de Jonas Mekas,
et Les films rêvés, de Eric Pauwels.
Deux films avec voix-off.
Mais cette voix n'a pourtant rien de "off". Elle n'est pas "au-dessus" du film, elle n'éteint pas la vision, elle ne la remplace pas. On devrait plutôt parler de voix-in.
C'est une voix qui est un sillon creusé dans le film, à l'intérieur des images. Comme un fleuve souterrain - on ne le voit jamais, on l'entend gronder, on sent son mouvement sous la montagne. Son mouvement évoque celui des étoiles. Il y a dans ces voix quelque chose de cosmique, quelque chose qui ne cesse de se perdre, de devenir semblable à toutes les voix à force de se préciser. Ce sont des voix qu'on n'entend pas : on les devine. Elles ne guident rien, créant à la fois le lieu de leur apparition et la force quasi-divine de leur disparition.
Films à la première personne, qui changent à la fois la grammaire du cinéma, mais aussi sa pratique. C'est de la littérature, dit-on. On dit peut-être ça parce que rarement les films n'ont été plus intimes, plus proches. Ils se font au fond d'une cabane dans un jardin belge, ou la nuit dans une pièce au milieu de New-York, ils se font avec des images sauvées de l'oubli, avec des désirs qui n'ont eu qu'un temps, avec tout ce qui a échappé, comme si un chercheur d'or avait finalement voué un culte aux hectolitres d'eau tamisés, et ils deviennent des films rêvés, ou de brief glimpses of beauty.

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