lundi 29 mars 2010

Happy end - Szymon Zaleski - festival du cinéma du réel #5

(pas d'image)

Un film belge abominable, autobiographique, sur un homme atteint d'un cancer, et qui cherche chez les chamans d'Amérique du Sud une cure plus efficace que les traitements de son médecin.
Abominable, parce que plein d'une crispation occidentale dégueulasse.
Un dialogue résume l'esprit du film :
Le cinéaste - Je ne suis peut-être pas à la hauteur de ma quête.
Le guru joué par un comédien - Alors c'est qu'il n'y a pas de quête.
Rires dans la salle (car le comédien joue le guru avec toute la rigidité qu'on peut attendre d'un guru représenté dans un film européen).
Voix-off du cinéaste - Je me sentis légèrement vexé.
Le problème du film de Zaleski, c'est le peu d'intérêt qu'il porte à son sujet. Plutôt que de jouer sur la bizarrerie et l'observation des pratiques chamaniques auxquelles il se livre, il ne fait que creuser une forme de dégoût culturel, de méfiance occidentale vis-à-vis de ce qui s'écarte du commun. Oui, les chamans qu'il rencontre chantent des chansons idiotes, oui, il s'ennuie en fumant des herbes la nuit avec des gens drogués, oui, la vieille indienne lui écrase un cochon d'Inde sur le crâne et donne la dépouille à manger à son chien. Tout cela est très rigolo, et le public était bizarrement captivé, alors qu'il quittait les séances pour un oui ou pour un non face à des formes plus contemplatives et plus humbles. Szymon Zaleski a voulu épater la galerie - il a d'ailleurs obtenu le Prix des Jeunes. Le problème est que, sur la médecine traditionnelle, est posé un regard d'acceptation béate hallucinant de bêtise. Le vocabulaire employé par les médecins belges qui s'occupent de son cas est absolument dégradant, mais de cela, Zaleski n'ose rien dire. Il est bien plus facile de s'attaquer aux Péruviens qui ont les yeux rouges et qui fument tout ce qu'ils ramassent. Pour le reste, il faut du courage. La question de l'acceptation de la mort - ou plutôt de la prise de conscience de la mortalité - est réglée en une petite phrase de scénario mesquine. C'est un film de mauvaise foi.
Je suis parti peu de temps avant la fin, quand le cinéaste commençait à avouer se sentir minuscule sous les grandes montagnes qui l'entouraient. Je sentais venir le pire : la guérison (c'est-à-dire le salut, et peut-être pire : le repentir). J'ai eu une réaction de rejet très violente qui m'a poussé à quitter la salle, ayant peur d'attraper son cancer si je restais une minute de plus. Vu le titre, j'imagine que ça se termine bien, et que le public était content pour lui.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Cher Monsieur (ou Madame),

Je crois que vous avez mal compris le film... qui d'ailleurs ne se termine pas bien... (le cinéaste fait un point absurde sur son vécu) d'où l'ironie du titre... d'ailleurs il souffre toujours bel et bien de son cancer et continue a en mourir (heureusement pas trop vite). Dans ce film, d'après moi, il n'y aucunement de plaisanterie ou de critique vis-avis des péruviens, ni de regard plus favorable a l'égard des médecins belges. Ni l'un ni l'autre ne l'aident vraiment. Mais, en effet, il ne trouve de remèdes nulle part. Ce que vous avez pris pour de la critique est une ironie vis-a-vis de soi-même et de toute forme de croyance - du chamanisme, a la médecine actuelle, tous deux comme nous le savons bien sont dépasses par le cancer.. dans ce film, le rire porte sur le cinéaste, qui se moque de lui-même, qui s'observe tout a coup, en tant que personne prête a participer a toute forme de rites pour se soigner, chamans, médecins, travail. Mais vu les résultats, doit-il y croire? Pourtant voila, on garde espoir quand on meurt.

Avec mes compliments,

Hanna