samedi 4 avril 2009

Martine et les pov' gens, ou Nulle part terre promise - Emmanuel Finkiel




Martine a acheté 2 ou 3 numéros du Monde Diplo, ça l'a complètement excitée, elle a décidé de parcourir l'Europe pour filmer les pauvres avec son super zoom.
D'ailleurs, un type le lui dit : "tu ne filmes que les pauvres". "C'est faux, répond-elle, je filme les gens forts." Malheureusement, cette idée restera purement rhétorique, pas du tout éprouvée.
Finkiel est bien malin. Pour ne pas que les spectateurs puissent croire qu'il ressemble à Martine, non seulement il filme Martine qui filme les pauvres, mais en plus il filme un riche. La belle idée ! Trois trajectoires : Martine, l'art et la société / le riche et son usine qui ferme et son voyage en Hongrie pour délocaliser / les immigrés clandestins (c'est ça : trois numéros du Monde Diplo).
Autant Voyages m'avait touché, autant Nulle part terre promise est d'une condescendance ahurissante. Filmé avec les pieds (à travers des lunettes, par le biais d'un miroir, à travers l'écran du caméscope de Martine - laquelle n'est vraiment pas douée pour cadrer), le film est empreint d'un romantisme de l'errance absolument mensonger (le cri des mouettes ajouté en post-synchro quand les immigrés sortent du camion), factice, et surtout très gênant. Ne serait-ce que le titre...
Nulle part terre promise fait preuve d'une effrayante imperméabilité à l'existence de l'autre. Que retient Finkiel de son voyage en Pauvreté : de jolies images, des effets - aucune connaissance supplémentaire, aucun surcroît de conscience. Bref, quand on fait semblant, ça se voit.

1 commentaire:

Raphaël a dit…

Bonjour,

Je vois que nous sommes deux à ne pas avoir été emballés par le film...
Ma critique est ici, si ca vous intéresse : http://spectresducinema.blogspot.com/

Je voulais aussi vous féliciter pour vos billets, particulièrement celui sur Inland. J'avais beaucoup aimé ce film, tout en ayant du mal à en formuler une analyse. C'est court mais tout ce qui est dit est très juste, à mon sens.

Je repasserai de temps en temps pour vous lire, parce que c'est bien intéressant !

A bientôt,

Raphaël