dimanche 5 octobre 2008

My blueberry nights - Wong Kar-Waï



C'est pathétique. Une sorte de blues sans mystère, où le maniérisme qui faisait la marque de l'auteur s'est transformé en une série de tics désagréables et hideux.

L'histoire, d'une niaiserie sans égale, est coulée par le jeu des acteurs, tous très mauvais (à l'exception de Chan Marshall, déesse bancale et atone, apparition nocturne - A une passante semble lui être dédié).
Ce qui faisait le charme des précédents Wong Kar-Waï, cet art du montage absolument ludique et poétique, troublant les contours, les lieux et les identités, est ici complètement froid, mécanique, illustratif et bête. Le kitsch qui menaçait les précédents films du cinéaste semble avoir pris le pouvoir, gangrénant chaque plan.
De plus, My Blueberry Nights est malhonnête. Wong Kar-Waï ne rate pas son film: il n'essaie même pas d'en faire un. Mû par rien, le cinéaste remplit son cahier des charges, et s'autocélèbre jusqu'à l'écoeurement. On pense au terrible L'amour en fuite de Truffaut, véritable aveu d'échec à poursuivre une quête, d'embourgeoisement, et de mort de l'âme.
Car My Blueberry Nights est la victoire d'un certain confort. Ce n'est pas ce qu'on appelle "un film malade" - un film trop généreux, trop ambitieux - 2046 flirtait avec cet écueil, mais son ampleur romanesque rectifiait le tir. Non, My Blueberry Nights est une conclusion, une mise à mort, un "voilà ce que je sais faire" roublard et mesquin. Le film n'est pas raté. Il émeut quand il faut, fait rire parfois, alterne habilement les scènes, etc... Mais il se vcontente de ça. Aucun risque. Aucune aventure. Aucun désir.
Alors on passe deux heures (qui en paraissent quatre) à voir un film se vider, et un cinéaste s'éteindre. Ca fait froid dans le dos.

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