lundi 6 octobre 2008

Muriel, ou le temps d'un retour - Alain Resnais



Toujours Delphine Seyrig. Quel personnage compose-t-elle cette fois ? une femme qui voudrait oublier, qui voudrait se souvenir, qui voudrait choisir quels souvenirs garder. Une femme qui voudrait réinventer son passé. Et qui fuit
sans cesse dans le champ du présent. Le présent, justement, qu'en est-il ? Une ruine. un amas d'histoires, de meubles, de connaissances bavardes ou insistantes. Resnais nous dépeint un monde de fantômes. et bouleverse par petites touches, par ces courses folles et pathétiques de la salle à manger à la cuisine, par ces errances dans la nuit, ce casino qui aimante, ce cheval, cet homme qui voudrait un mouton. Des gens cachés, épuisés par le récit de leur vie, qui voudraient ne jamais avoir à la raconter, ou qui voudraient mais ne le peuvent pas tout à fait, des gens qui n'ont plus la force de ça, qui n'ont plus que l'agitation. C'est tout le contraire de L'année dernière à Marienbad - dans Marienbad, on était à l'intérieur d'une psyché complexe, on ouvrait des portes sur des images surexposées - ici, avec Muriel, on reste en surface, car tout y est inscrit, toute la vie est là, sur une lettre, sur une coiffure, sur une ride. Comment vivre avec le mensonge ? Ou comment vivre ? Ce sont les questions sublimes de ce film fou.



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